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Rappel des chapitres précédents
Les émissions de GES mondiales doivent baisser de 45 % d’ici à 2030 pour ne pas dépasser 1,5°C et être neutralisées à l’horizon 2050 pour ne pas dépasser 2°C.
Cette réduction des gaz à effet de serre passe par une diminution drastique de notre consommation pétrolière dans le bâtiment, l’industrie, l’agriculture et les transports.
A l’échelle de la France, notre production électrique étant largement décarbonée en raison du parc hydraulique et nucléaire, le déploiement des énergies renouvelables (éolien et solaire) a très peu d’impact, voire un impact négatif sur la production de gaz à effet de serre (GES).
Ces énergies renouvelables ne pourront en aucun cas remplacer l’énergie nucléaire à court ou moyen terme en raison de l’intermittence de la production électrique et de la très forte consommation en matériaux, en énergie et en surface d’implantation qu’elles nécessitent.
Il importe donc de réduire également très fortement notre consommation électrique si l’on veut réduire l’utilisation du nucléaire à plus ou moins long terme sans le remplacer par du pétrole ou du gaz.
Quel impact sur notre niveau de vie ?
Que la réduction de notre consommation énergétique provienne :
- d’une politique volontariste de réduction de nos émissions de GES pour sauvegarder le climat, ou
- d’une pénurie progressive du pétrole prévisible au cours de ce siècle,
le résultat sera le même : une baisse du PIB à l’échelle mondiale et donc de notre consommation. C’est inéluctable !
Comment s’y préparer ?
Attendre que le pétrole se raréfie est un mauvais choix, car il sera précédé par les conséquences du changement climatique. Il faut au contraire anticiper cette raréfaction pendant que nous en avons encore les moyens (énergétiques et financiers) et que le climat n’a pas encore totalement déstructuré nos sociétés.
Changer notre modèle de société ?
Nos sociétés sont très largement dominées sur le plan économique par le système capitaliste et financier mondial. Ce dernier a comme objectif la maximalisation de ses profits à court terme grâce aux échanges sur les marchés. Cette quête repose sur un accroissement permanent de la consommation des biens, mesuré classiquement par le PIB, ce dernier étant globalement proportionnel à notre consommation pétrolière depuis plus de 50 ans.
Il est clair qu’un tel système va à l’encontre des objectifs recherchés pour maintenir le climat dans des limites acceptables par l’humanité.
Certes, il est possible de mieux dépenser notre énergie grâce à des avancées technologiques et à la recherche, de l’économiser au mieux (transports collectifs, isolation de l’habitat…), d’accroître les énergies peu carbonées (biomasse, solaire, éolien…), d’avoir une agriculture plus sobre… Mais il faut se rendre à l’évidence, l’effort nécessaire est colossal.
Les réticences des dirigeants politiques du monde entier ainsi que celle des grandes firmes multinationales à s’engager sur les voies de la réduction de la consommation énergétique actées dans les décisions des COP successives posent réellement question ! La croissance continue est leur seul crédo.
C’est ce que critique, au nom des générations à venir, la jeune Greta Thunberg dans toutes ses interventions.
Une économie au service de l’humanité…
La solution doit passer par un changement de paradigme !
Plutôt que de maximiser la production de biens matériels énergivores, pourquoi ne pas maximiser les services aux humains qui apportent du bien être en produisant peu de gaz a effet de serre : la santé, l’éducation, la culture, la justice, le soin aux personnes âgées, la petite enfance, l’environnement, l’agroécologie… en privilégiant les activités qui nécessitent de l’emploi plutôt que celles qui consomment de l’énergie, génèrent du chômage et produisent des pollutions ?
En quoi, par exemple, travailler dans un hôpital, une école, un EHPAD, une crèche, un centre de loisirs ou produire de la nourriture de qualité serait moins « rentable » pour la collectivité que de construire des voitures, des smartphones, des grille-pain connectés ou des programmes informatiques pour spéculer sur les marchés financiers ?
En quoi est-il soit disant « utile » à notre société de consommer des biens matériels (appareils ménagers, voitures, téléphones, ordinateurs… fabriqués pour l’essentiel aujourd’hui en Chine), pour faire « tourner l’économie », et à contrario soi-disant couteux à cette même économie de consommer des biens immatériels comme la santé, la garde des enfants, les retraites, l’enseignement… ou la production d’une alimentation de qualité, qui eux sont « réalisés » localement ?
De toute façon nous ne consommerons que ce que nous pourrons produire ! Il faudra bien créer un nouvel équilibre entre biens matériels pollueurs, services publics émancipateurs et biens de qualité si l’on ne veut pas complètement déstabiliser notre planète physiquement et socialement.
A dépense égale, que choisiriez-vous : le déploiement massif de la 5G ou le rétablissement d’un système hospitalier de qualité permettant de lutter efficacement contre le Covid-19 ?
Et pourtant tout indique que c’est le chemin contraire qui est a été suivi jusqu’à aujourd’hui : comme en ont témoigné les mouvements sociaux récents : l’hôpital, l’éducation, la justice, la sécurité sociale, l’environnement sont de plus en plus mal traités, alors que dans le même temps les dividendes versés aux actionnaires n’ont jamais été aussi élevés qu’aujourd’hui (La Tribune, 19/08/2019, Dividendes : nouveaux records en France)
Le coronavirus affole les marchés financiers, alors que selon Les Echos (3 mars 2020, page 5) « la réduction de la consommation de charbon et de pétrole en Chine sur les premières semaines de l’année a généré une réduction d’au moins 25 % des émissions de CO2 par rapport à la période comparable de l’an passé »
Que nous apprend le Covid-19 ?
Ce virus a le mérite de nous monter cinq choses importantes :
- Que, si l’humanité est capable de détruire la planète à plus où moins brève échéance, elle est incapable de faire face à tout dysfonctionnement de son équilibre sanitaire,
- Que la réduction de la production de l’activité industrielle a un impact direct sur le climat en réduisant la production de GES,
- Que cette réduction pour limiter l’emballement du climat ne se fera pas sans douleur, nous devons la préparer sérieusement et collectivement le plus tôt possible,
- Que les acteurs les plus indispensables à la vie de notre société sont ceux qui sont les plus mal rémunérés (santé, agriculture, distribution…),
- Que notre économie libérale mondialisée nous conduit à des désastres en matière sanitaire et sociale…
A méditer !
Daniel Mathieu
Bibliographie : les liens vers les documents sources des informations sont donnés dans le texte de l’article
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