L’abeille, le miel et l’apiculteur

L’abeille

Les abeilles sont des insectes de l’ordre des Hyménoptères. Elles sont apparues il y a au moins 45 millions d’années. Il en existe au moins 20 000 espèces sur la planète et près de 1000 en France. La majorité d’entre elles sont solitaires et ne produisent pas de miel.

Elles se nourrissent principalement du nectar des fleurs, liquide sucré riche en calories et de pollen riche en protéines. Les bourdons constituent un groupe particulier d’abeilles. Par contre elles sont nettement distinctes des guêpes par leur morphologie et leur comportement.

Abeille domestique. (Apis mellifera) Par Bgelo777 — Wikipedia CC BY-SA 4.0

Les abeilles sociales, dont notre abeille domestique (Apis mellifera), vivent en colonie comportant trois castes :

  • la reine, unique femelle fertile, mère de toute la colonie,
  • les ouvrières, les plus nombreuses qui assurent tous les travaux nécessaires à la vie de la colonie (entretien, gardiennage, soins au couvain et butinage),
  • les mâles ou faux-bourdons dont le seul rôle est la fécondation des reines.

Un essaim d’abeilles est un rassemblement en nombre important d’abeilles de la même famille. On parle d’essaimage quand une vieille reine quitte le nid avec une fraction de sa population (environ la moitié) pour former une nouvelle colonie, laissant la place à une jeune reine.

Toutes les espèces abeilles jouent un rôle important dans la pollinisation des plantes, et en particulier celle de nombreuses plantes cultivées.

Des difficultés…

On constate depuis une vingtaine d’années une baisse importante de la population des insectes pollinisateurs et en particulier des abeilles. Un des symptômes de ce phénomène est le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, qui connaît une recrudescence au début du XXIe siècle. De multiples causes semblent être à l’origine de cette baisse de la population : parasites (liés au développement du commerce international), champignons, prédateurs, monoculture intensive, alimentation trop peu diversifiée ou de mauvaise qualité, réchauffement climatique…

Dans notre région, les problèmes principaux rencontrés par les colonies d’abeille sont:

  • la présence du Varroa destructor , un acarien parasite venu d’Asie du Sud-Est difficile à traiter. Il est vecteur de virus et affaiblit considérablement une colonie s’il n’est pas traité,

Varroa, vu de dessous au microscope électronique. Par Imkermeister Alois Wallner — Wikipedia CC BY-SA 3.0, h

  • la disparition des fleurs sauvages liée aux pratiques agricoles : prairies de fauche sans floraison et suppression de toute flore spontanée ; raréfaction des ronces et des aubépines, principales sources des miels toutes fleurs, jachères fleuries trop tardives…
  • l’extension des forêts de Douglas, véritables déserts biologiques,
  • la disparition ou la taille excessive des haies qui privent ces dernières de leurs fleurs printanières,
  • les changements climatiques avec des étés trop secs, des gelées sur les arbres qui fleurissent plus précocement (acacia notamment) et le manque de froid en hiver pour endiguer certaines maladies,
  • l’arrivée du Frelon asiatique qui tue des ouvrières et stresse les ruchers. Voir notre article à ce sujet

Le miel

Le miel constitue la source principale de nourriture des abeilles pour nourrir leurs larves et la colonie en hiver. Il s’agit d’une substance sucrée élaborée à partir du nectar des fleurs ou du miellat excrété par des pucerons sur certains arbres (sapins, chênes).

Rayon de miel. Par Merdal sur Wikipédia turc, CC BY-SA 3.0,

On parle de « miel de cru » ou de « miel monofloral » lorsque son origine provient en grande partie d’une seule variété de fleurs (acacia, châtaigner, sapin, tilleul, lavande, etc.) Lorsqu’il est élaboré à partir d’une palette de fleurs plus large on parlera de « miel toutes fleurs« , « miel de montagne », « miel de printemps »… On peut connaître qualitativement la source d’un miel à partir de l’analyse des grains de pollen qu’il contient.

Le miel est une excellente source de glucides ayant une faible incidence sur la glycémie, notamment en raison de sa forte proportion en fructose. Selon sa nature, il peut se présenter sous forme d’un liquide sirupeux (acacia, très concentré en fructose) ou bien sous forme cristallisée plus ou moins finement selon son mode de préparation.

En plus du miel les abeilles produisent :

  • de la cire pour la construction de leurs rayons,
  • de la propolis, sorte de mortier anti-infectieux pour assainir la ruche,
  • du pollen, collecté sur les anthères de fleurs,
  • de la gelée royale, très riche, sécrétée par les ouvrières pour nourrir la reine.

L’apiculture

Avant la domestication des abeilles, les hommes récoltaient le miel dans des troncs d’arbres ou dans de petites cavités habitées naturellement par les abeilles. Ils ont ensuite aménagé ces troncs ainsi que d’autres constructions rudimentaires.

Au XIXe siècle, en France, les abeilles étaient encore élevées dans des ruches en paille. À cette époque, le miel était consommé avec la cire ou extrait par pressage. C’est l’apiculteur François Huber de Genève qui mit au point le premier modèle de ruche à cadres mobiles. La feuille gaufrée fut mise au point en 1858 par Jean Mehring, et l’extracteur centrifuge  inventé en 1865 par Franz von Hruschka. Ces inventions facilitèrent le travail de l’apiculteur.

Rucher. Photo: Myrabella Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0,

Les principaux producteurs français de miel sont des apiculteurs ayant à leur disposition 50 ruches ou plus. Ceux-ci sont en effet responsables des trois quarts de la production.

Malheureusement, la production de miel en France a connu une forte chute ces vingt dernières années. En effet, si environ 35 000 tonnes par an étaient produites dans les années 90, la production tourne dans les années 2010 entre 15 et 25 000 tonnes.

La France importe aujourd’hui 80 % des miels qu’elle consomme (45 000 tonnes/an), souvent de qualité médiocre provenant d’importation étrangère. Au cours des 25 dernières années, les importations de miel ont été multipliées par 2. 

Le travail de l’apiculteur

L’apiculture par son cycle d’activités s’apparente à celui de la production laitière, avec des temps liées à l’élevage du cheptel et d’autres à la récolte des produits.

Au début du printemps, il faut préparer les ruches : visites sanitaires à la fin de l’hiver, préparation des ruches où les mâles devront arriver à maturité pour la fécondation des reines, sélection et mise en ruche des essaims produits l’année précédente, sélection des reines…

Cadre recouvert d’abeilles, extrait d’une ruche. Par Tenan — Wikipedia CC BY-SA 3.0,

En avril, débute l’élevage des reines dans des ruches conditionnées à cette fin. Après leur naissance et passage en couveuse, les reines sont distribuées à de petites colonies orphelines avant la période de fécondation dans une zone qui sera saturée en mâles sélectionnés. Ces jeunes reines remplaceront les vieilles que l’on change au bout de deux ans de ponte.

Le deuxième pilier de l’apiculture est aujourd’hui constitué par la transhumance des ruchers pour les placer là où les miellées sont les plus abondantes en fonction des saisons. Une miellée terminée (par exemple celle des acacias), il faut extraire complètement le miel avant de reconditionner la ruche pour la transporter, par exemple en montagne.

Un travail très astreignant est celui d’empêcher les ruches d’essaimer. Cet instinct de reproduction et de dissémination est très apprécié des amateurs, mais est très pénalisant pour la production du miel par les professionnels. On y remédie en sélectionnant soigneusement les souches de reine et par des passages fréquents sur les ruchers pour contrecarrer les projets d’essaimage.

Les récoltes terminées, il faut traiter le Varroa et complémenter les ruches en provisions pour l’hiver.

La mauvaise saison se passe à la fabrication des ruches et l’entretien du matériel, la préparation des cadres, le conditionnement du miel, la comptabilité, etc. et le repos bien mérité…

Article rédigé en collaboration avec la Miellerie du Fût d’Avenas,

Daniel Mathieu