Le château du Thil

Le château du Thil en 2014

Son histoire

A son origine, le château du Thil est une construction médiévale datant du XIIème siècle. À finalité militaire et défensive il possédait un donjon et une cour intérieure défendue par une enceinte et au moins quatre tours et des fossés secs.

En 1450 la garnison est de 64 hommes. Il reste de cette époque deux tours dont une en ruine et l’autre remaniée depuis, des murs très épais (1 m à 1,8 m) avec meurtrières, « jours » et colombiers. Un premier remaniement eut lieu au début de la Renaissance permettant à la fois l’habitation de la demeure par les châtelains et l’exercice de la Haute, Moyenne et Basse justice [1] depuis le 16 mai 1495.

Dessin ancien du château du Thil, avec son ancien donjon

Le Rez-de-chaussée était ouvert et accessible au public ainsi qu’aux gens d’armes de la seigneurie chargés d’arrêter et de garder les malfaiteurs et autres personnes personnes justiciables. Des petites fenêtres sont percées aux étages. Il reste de cette période, à l’intérieur des encadrements de porte, des traces de fenêtres obstruées, les piliers et la rampe d’escalier.

Le 31 juillet 1789 le château est incendié lors du soulèvement paysan de la région mâconnaise.

La grande restauration du château a débuté en 1849. Elle porte la marque du début du second empire. Elle a entraîné un bouleversement profond des différents niveaux avec le sur élèvement des plafonds et le percement de grandes ouvertures dans les façades. Les décorations intérieures datent pratiquement toutes de cette période. L’entrée et l’escalier principal ont été remaniés et décorés. Le donjon a dû être abattu après cette restauration aux environs de 1870. Son accès à chaque étage est encore visible sur les façades.

 

Cette restauration a aussi porté sur les constructions extérieurs avec la suppression de nombreux bâtiments dont une tour d’enceinte et une poterne. Une terrasse est réalisée près de l’entrée et sont édifiés de nouvelles étables, écurie et une grange pour une machine à vapeur. Le cuvage voit sa surface doublée avec l’installation de pressoirs modernes amorçant une ère économique prospère. Les propriétaires demeurent sur place et le domaine est restructuré avec la présence de nombreux vigneronnages, la construction de routes et la modernisation de l’ensemble des bâtiments d’exploitation.

Aujourd’hui les fonctions militaires, judiciaires et économiques du Thil se sont éteintes. Seul perdure le rôle familiale de cette ancienne demeure qui est en permanence entretenue et rénovée par ses propriétaires actuels.

Le château du Thil en 1971, avec à droite la tour d’angle du mur d’enceinte initial

Ses occupants

Le Thil fut l’apanage d’une branche de la maison de BEAUJEU avant de passer à la famille des SAINTE COLOMBE qui s’y maintint pendant deux siècles. On les signale déjà en 1285. Transmis par remariage de la veuve du dernier de cette lignée, il échoit en 1577 à son fils Gabriel de CHEVRIERS DE SAINT MAURICE, dont l’actuelle propriétaire est une lointaine descendante.

Le Thil reste donc aux CHEVRIERS jusqu’à ce que le dernier du nom, n’ayant pas de descendance, lègue tous ses biens à trois neveux. Le Thil échoit alors au Marquis de GROLLIER en 1782 et restera sous ce nom de famille jusqu’en 1829.

Château du Thil en 1910

En 1849, le Vicomte Camille de SAINT TRIVIER entre en possession du Thil dont il rachète la moitié à sa sœur et assure la restauration ainsi que la modernisation de l’ensemble des terres exploitées.

Médaillé lors de l’exposition universelle de 1867 pour ses travaux sur le plan agronomique il décrit de façon très détaillée l’ensemble de ses innovations dans un document : Terre du Thil – mémoire pour le concours (agricole) régional de 1869.

Maire de Vauxrenard de 1855 à 1878, le Vicomte Camille de SAINT TRIVIER marqua son passage dans cette fonction par la réalisation de nombreux travaux routiers facilitant l’accès aux communes voisines.

Concernant l’enseignement scolaire il instaure la gratuité pour l’école des garçons dispensée par les frères de l’ordre de Saint-Viateur, proposition entérinée par la municipalité le 19 mai 1852. Pour plus d’information sur l’école de Vauxrenard voir le chapitre dédié à ce sujet sur notre site Internet

Depuis le château du Thil se transmet par les femmes (quatre générations : De Saint Pol , d’Albenas , d’Anterroches et d’Avout d’Auerstaedt). Ce château est aujourd’hui inscrit au patrimoine national.

Ses terres

En 1849 la surface du Thil était de 440 ha qui 18 ans plus tard se réduisent a 368 ha par suite de ventes , acquisitions et dons dans le but de regrouper et rendre exploitable un domaine encore dispersé.  C’est ainsi que St TRIVIER s’était déparé de 2 vigneronnages sur Fleurie, d’un sur le Bourg de Vauxrenard et d’une ferme en montagne (Montgoury). Les terres du Thil représentaient alors plus de 22% de la surface totale de la commune de Vauxrenard, ce qui était considérable.

Sur les 24 familles trouvées sur le domaine en 1849 il en a encore 23 en 1867 dont 21 y sont depuis plusieurs générations. Leurs bâtiments et habitation ont tous été rénovés. A ces vigneronnages il faut ajouter la présence du régisseur et celle du jardinier dont l’épouse tient la basse-cour ainsi que celle des manœuvres (ouvriers agricoles) qui n’étaient ni loges ni nourris.

[1] Haute justice : le seigneur (ou plus exactement le juge seigneurial) peut juger toutes les affaires et prononcer toutes les peines, dont la peine capitale

Moyenne justice : le seigneur peut juger les rixes, injures et vols. Les délits ne peuvent être punis de mort. Pratiquement, la moyenne justice joue un rôle important au civil, notamment en matière de successions et de protection juridique des intérêts des mineurs : apposition de scellés, inventaire des biens des mineurs, nomination des tuteurs, etc.

Basse justice : le seigneur peut juger les affaires relatives aux droits dus au seigneur, cens, rentes, exhibitions de contrats et héritages sur son domaine. Il s’occupe aussi des délits et amendes de faibles valeurs (dégâts des bêtes, injures, amendes inférieures à 7 sols 6 deniers). Il doit posséder sergent et prison afin d’y enfermer tout délinquant avant de le mener au haut justicier.

Sources :

  • informations originales transmises par Arnaud Davout d’Auerstaedt
  • Photographies de Daniel Mathieu
  • Données sur la justice au Moyenne-âge : Wikipédia