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Discussion sur le projet
Il est clair que…
La production d’électricité éolienne est une ressource intéressante d’énergie décarbonée et renouvelable. C’est pour cette raison qu’elle est encouragée par l’état (PPE 2019) et intégrée dans la démarche TEpos de la CCSB. Un parc éolien de 6 éoliennes de 3 MW occupant 2 pavés de 20 GWh dans son plan énergétique (cf chapitre sur ce sujet)
L’apport financier d’un parc éolien conséquent (6 machines de 3 MW) est attractif pour les propriétaires des terrains impactés et pour les collectivités territoriales qui en tirent un revenu sous forme de taxe, certes faible en valeur relative par rapport au chiffre d’affaire de la vente de l’électricité (8%) , mais peut être jugée importante en valeur absolue pour les bénéficiaires.
Mais…
l’implantation d’un parc éolien dans les conditions techniques et économiques actuelles pose plusieurs problèmes :
Cette énergie est intermittente et doit être compensée par des moyens classiques en période anticyclonique sur une large partie du territoire national, voire européen. Elle ne peut donc pas se passer de production thermique complémentaire ou de l’hydraulique de stockage en compensation. En France, c’est le nucléaire, dont le déclin est prévu à terme, et les barrages dont la capacité est limitée qui permettent de compenser cette intermittence. De ce fait l’éolien ne peut être développé à l’infini comme source fiable de production électrique. Il faut le développer dans les lieux les plus propices à son exploitation (régions les plus ventées et faciles d’accès) et où le vent est le plus régulier (éolien marin notamment).
À ces éléments de discussion, nous en ajoutons un autre qui est de taille : ces installations ne réduisent en rien nos émissions de gaz à effet de serre ! Notre électricité étant très largement décarbonée car produite par de l’hydraulique et du nucléaire, l’ajout de la production éolienne ne modifie pas le bilan carbone.
Enfin, la construction des éoliennes est très consommatrice d’acier et de béton sources fortement émettrices de gaz effet de serre. L’éolien est surtout avantageux pour les constructeurs qui y voient une source de revenus importante garantie par les pouvoirs publics.
Cette source d’électricité renouvelable ne pourra prendre de l’importance qu’à condition d’avoir développé des moyens de stockage suffisants pour compenser les arrêts de production liés à la météo (batteries, biogaz, hydrogène…). En attendant il faudra faire appel à des moyens de compensation traditionnels (gaz, pétrole, nucléaire).
Les conditions économiques dans lesquelles l’éolien est implanté en France visent à concentrer intégralement cette production dans les mains d’investisseurs privés avec comme conséquences :
1) la nation se trouve dépossédée de l’ensemble de ses moyens de production qui deviennent la propriété d’une minorité d’investisseurs,
2) les consommateurs sont contraints de financer les profits engrangés par ces investisseurs (via la CSPE) à des niveaux très élevés,
3) les investisseurs peuvent spéculer librement sur les marchés financiers en cédant leurs parcs éoliens à des fonds de pensions étrangers dont rien ne garantit la continuité des promesses faites initialement en matière économique et environnementale durant l’exploitation comme en cas de démantèlement.
L’état, de par sa politique néo-libérale, se désengageant massivement du secteur public depuis les années 1970, le relai pourrait-il être pris par le financement participatif au niveau des collectivités territoriales et des citoyens ? Cette solution, bien qu’officiellement encouragée par l’état reste très limitée. Les collectivités territoriales ont des moyens trop restreints et les citoyens sont peu habitués et peu enclins à investir sur leurs fonds propres dans des projets nécessitant de gros investissements, dont la maîtrise est entre les mains des actionnaires majoritaires.
Les dégâts environnementaux liés à l’implantation d’un parc éolien en moyenne montagne, comme c’est le cas à Vauxrenard, sont très importants. On ne creuse pas des cavités de 16 m de diamètre et 5 m de profondeur dans le granite sans y mettre de gros moyens. Le tracé des voies d’accès pour acheminer le matériel, évacuer l’électricité et faire circuler des camions lourds et nombreux dans un relief accentué nécessite de gros travaux qui défigurent et mitent la forêt au détriment de ses habitants naturels. La circulation d’un très nombre de camions sur les routes engendre une pollution réelle (Co2 etc…), des problèmes de sécurité et abîme les chaussées.
Les risques sur la ressource en eau liés aux travaux et à la circulation des nombreux véhicules ne peuvent être ignorés, d’autant que ménages utilisent l’eau des sources de la montagne où seraient implantée les éoliennes.
Enfin, les nuisances liées au bruit et à l’impact visuel de machines de 150 m ou plus de hauteur, clignotant la nuit et lançant des éclairs lumineux la journée, est loin d’être négligeable et suscite l’inquiétude légitime d’une partie importante de la population concernée.
Voir la vidéo : Impact sonore des éoliennes
La démarche actuelle est exploratoire, mais elle indique cependant la direction prise par le projet : encouragée légitimement par CCSB (dans le cadre de son plan TEPos) et plus discrètement par le maire de Vauxrenard, la stratégie est d’abord d’appâter les propriétaires par les loyers hypothétiques du terrain pour s’assurer de leur soutien, puis informer le public en évitant les confrontations, sachant que les enquêtes publiques ne seront pas suivies d’effet.
Les éléments de fonds approchés ici méritent une prise de conscience de la signification d’un tel projet sur le présent immédiat de la commune et sur son devenir à plus long terme.