Sommaire de la page :
Le chaos rocheux du lieu-dit « Les Pierres » et autres amas de pierre naturels à Vauxrenard !
Au-dessus de la maison située au lieu-dit « Les Pierres », sur le chemin des Micholons, existe un amoncellent de rochers, plus ou moins émoussés, qui semblent avoir été entassés là en grand nombre par on ne sait quelle main géante… Cet amas de pierres n’est pas unique. D’autres s’observent çà et là dans la compagne et dans les bois environnants, sur une bande de terrain allant des montagnes des Ollagniers et de la Lienne aux hameaux des Brigands et du Changy. La présence et l’organisation spatiale de ces pierres, qu’elles soient regroupées ou davantage dispersées à la surface du sol, tiennent d’abord à la nature et à la structure de la roche concernée, propices à la création de ce genre de paysage géologique pour le moins insolite.
Un peu de géologie sur cette étrange roche
A Vauxrenard, les chaos rocheux se rencontrent en effet très majoritairement au-dessus d’une formation géologique particulière, dont le caractère pétrographique est globalement celui de la « diorite », une roche ayant une minéralogie et un chimisme mixtes, certes intermédiaires entre le granite des continents et le basalte issu du manteau supérieur de la Terre, mais nettement plus proche de ce dernier.
Cette diorite et les roches qui lui sont associées évoquent ainsi une origine essentiellement « mantellique » (périphérie du manteau supérieur de la Terre). Ce qui du reste est compatible avec l’histoire géologique du Beaujolais, qui, à l’image de notre roche dioritique, inclut aussi des termes originellement formés dans les lointaines profondeurs de la Terre (voir notre article « Géologie de la commune de Vauxrenard »).
Si ces roches ont subi d’importantes transformations tout au long de leur histoire longue et mouvementée, depuis leur apparition à la fin du Dévonien (360 à 380 millions d’années), leur constitution « intime » n’en garde pourtant pas moins la trace des roches et des environnements de formation ancestraux, probablement volcaniques, sans doute basaltiques ou andésitiques, mais quoi qu’il en soit inéluctablement dépendants d’une vaste zone de convergence et de chevauchement de plaques tectoniques (« zone de subduction »).
Partant de là, imaginez ce que cela signifie en terme de mutation géologique et de changement géographique et paysager pour que ces roches existent ici à Vauxrenard, sur la bordure du Massif Central et au milieu du continent européen ! L’histoire dont elles proviennent est spécialement riche d’événements géologiques et tout bonnement… stupéfiante !
Quelques idées sur la genèse de ces chaos
Les chaos rocheux de Vauxrenard ne sont pas les seuls chaos de roche dioritique verte (qui prend des reflets « bleutés » sous l’effet de l’altération, d’où son nom de « pierre bleue ») visibles en Beaujolais. Des chaos similaires, formés de roches ayant la même tendance pétrographique, s’observent aussi au sommet du Mont Brouilly, entre Odenas et Saint-Lager, dans les hauteurs de Lantignié, de Quincié ou de Marchampt (notamment entre le col de la Croix Marchampt et le col de la Croix Rosier) et, surtout, entre Monsols et St-Igny-de-Vers, autour du col de Champ-Juin (carrefour D43-D52). Dans tous ces lieux, le paysage est assez redondant, toujours aussi atypique et étonnant : des blocs, parfois énormes, jonchent le sol, apparemment déconnectés du substratum rocheux, comme s’ils avaient été extraits du sous-sol et déposés là, tels quels. Il s’agit d’une véritable curiosité géologique du Géoparc Beaujolais, pas toujours bien connue, mais qui le sera nécessairement de plus en plus, tant elle est spectaculaire. Un bon photographe ferait sans doute des merveilles dans cet étrange monde minéral !
Il existe ainsi semble-t-il un lien assez étroit entre ces roches dioritiques, leur débit en blocs et leur arrangement en chaos rocheux. S’agissant du mode de formation de ces blocs ou amas de blocs, il n’est pas sûr que l’on puisse en donner une explication simple. Mais la nature minéralogique de la roche, sa texture et son mode de débit en gros éléments ont vraisemblablement eu une importance centrale dans l’apparition du phénomène. En outre, comme cela a pu être constaté par ailleurs, il semble également évident que le récent contexte climatique « périglaciaire » (alternances gel-dégel répétées de nombreuses fois), agissant pendant ou juste après la dernière grande période glaciaire (Würm, -75 000 à -15 000 ans), ait joué un rôle déterminant dans l’extraction et le dégagement naturels des blocs. Ce processus mu par des facteurs climatique se distingue nettement de celui, avant tout pédologique (lié à la création et à l’évolution des sols), intervenant par exemple dans la genèse des chaos granitiques. Si la formation et l’érosion banales des sols ont eu leur part d’action dans l’apparition des chaos rocheux de Vauxrenard, ces mécanismes ne peuvent en aucun cas avoir été les seuls à agir.
Bruno Rousselle, mai 2020
Des légendes
Dans une publication de la Société Linnéenne de Lyon datant de 1893, l’historien spécialiste du Beaujolais, Pierre Marius Savoye (1856-1090), nous raconte « Les pierres à légendes de la commune de Vauxrenard » …
Dans cet article il nous compte sa version de la légende de la Pierre de Saint Martin et de celle des Pierres des Fayules, autrement dit du chaos rocheux du lieu-dit Les Pierres.