La nuit…

La vie nocturne...

L’Homme est un animal diurne. Il fuit la nuit ou bien il l’illumine. La nuit est pour lui l’espace du mystère et des fantômes… Mais c’est surtout celui des oiseaux nocturnes et des papillons de nuit, celui du vol zigzaguant des chauves-souris. C’est aussi le moment où le renard va enlever la volaille qui n’est pas rentrée au poulailler et où le sanglier va labourer les prés à la recherche des larves du hanneton…

La chauve-souris fer à cheval ou grand Rhinolophe. Getty Images/Marko Konig

La nature vit la nuit ! Plus de 90 % des batraciens ne sortent que la nuit. Les papillons de nuit, avec 5 500 espèces en France, sont vingt fois plus nombreux que les papillons de jour et le groupe des chauves-souris, avec 34 espèces distinctes, est le plus diversifié des mammifères de France. La plupart des animaux ne sortent qu’à la tombée du jour pour échapper aux prédateurs, dont l’Homme est le plus redouté.

Mais qui se soucie de la qualité et de la richesse de cette vie nocturne ?

Quand la nuit disparaît

Dans son étude d’impact de la lumière nocturne sur le développement larvaire du crapaud commun (Bufo bufo), Clara Prothet-Demoux montre qu’une lumière aussi faible que 0,1 lux (halo lumineux dû à éclairage du clocher de l’église) induit un retard de développement des têtards très significatif.

La présence des lampadaires attire dès le début de la nuit les insectes qui confondent ces lumières avec celle de la lune et tournent autour jusqu’à épuisement. La luciole, dont les vols nuptiaux brillent dans le ciel, est en voie d’extinction : la luminosité ambiante éclipse les signaux lumineux du coléoptère aux yeux des femelles et l’empêche de se reproduire.

Les chauves-souris et les oiseaux nocturnes évitent les milieux éclairés et voient ainsi leurs aires de chasse et de nidification réduites aux espaces oubliés par nos lumières. Ainsi a disparus de Vauxrenard la Chouette effraie (la Dame blanche) qui logeait jadis depuis des siècles dans le clocher de l’église. Les oiseaux migrateurs voyagent essentiellement la nuit. En se repérant par rapport aux étoiles, eux aussi sont perturbés par les points lumineux de nos réverbères.

Pollution lumineuse vue de l’espace

Ne plus avoir peur du noir

La nuit c’est aussi le ciel étoilé, les planètes, les étoiles filantes et la voie lactée. La lune en est le gardien qui rythme la lumière de sa face changeante. Mais qui, aujourd’hui encore lève la tête, la nuit tombée, pour repérer Venus, Jupiter, Mars ou Saturne ? Qui prend encore le temps d’attendre le passage d’une étoile filante ou d’admirer la traînée lumineuse de la voie lactée ? Pour autant bien sûr de ne pas être à proximité d’un lampadaire ou gêné par le halo lumineux du village voisin…

La voie lactée telle qu’on la voit sans lumière parasite

En ces temps où l’Homme ne rencontre plus l’obscurité que pour dormir, il importe de ne pas oublier tous les êtres vivants pour qui la nuit est le temps et l’espace qui assure leur survie.

Que dire de ces lampadaires en surnombre, alors que la moitié serait largement suffisant, qui restent allumés une partie de la nuit pour illuminer des rues totalement vides ? Que dire de l’éclairage nocturne des monuments historiques à l’heure où tout le monde dort ?

Selon une étude de l’ADEME, en France, l’éclairage public représente en moyenne 38% de la facture d’électricité des collectivités. En cette période d’économie énergétique ne vaudrait-il pas mieux limiter notre éclairage au strict nécessaire afin de laisser la nuit aux êtres vivants qui ne peuvent s’en passer ?

Un label national pour les villages étoilés

Le label « Villes et villages étoilés » est un label national attribué par l’Association Nationale pour la protection du Ciel et de l’Environnement Nocturne (ANPCEN). Il valorise les actions menées pour assurer une meilleure qualité de la nuit et de l’environnement nocturne dans une approche globale prenant en compte à la fois les enjeux de biodiversité, de confort et de sécurité, de sommeil des habitants et de coûts énergétiques.

En 2017, 374 communes ont été labellisées avec le soutien de l’Association des Maires de France, la Fédération des Parcs Naturels Régionaux, les Parcs Nationaux, les Écomaires, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire.

Parmi ces villages labellisés, il y a celui de Tramayes, tout près de chez nous. Le maire de la commune nous explique les raisons et l’intérêt de sa démarche dans une petite vidéo très « éclairante ».

Pourquoi Vauxrenard ne ferait-il pas de même ?

Bibliographie

Daniel Mathieu, octobre 2020