Cette rubrique est destinée à vous présenter des livres et des films sur la forêt. Chaque publication est commentée par un lecteur. A vous de nous faire parvenir vos belles pages… Vous pouvez commander ces ouvrages par mail lettres.minuscules@gmail.com à Beaujeu à la librairie Les lettres minuscules.
Sommaire de la page :
– L’arbre philosophe de Luciano Melis, paru en 2017 aux PRESSES DU CHATELET
Luciano Melis, éditeur, poète, écrivain, propose ici une anthologie de textes courts (proverbes, citations, poèmes, extraits de romans ou d’essais) d’auteurs venant de toutes époques et de tous horizons, allant de Victor Hugo à Pierre Rabhi, qui signe d’ailleurs la préface du recueil.
Ces textes ont tous en commun de parler des arbres et/ou de la forêt de façon poétique, romantique, réaliste voire documentaire. En exergue, sur la quatrième de couverture, cette phrase indispensable de Chateaubriand : “Les forêts précèdent les gens, les déserts les suivent.”
Un recueil à lire par fragments pour se ressourcer et plonger, à chaque fois, dans un bain de nature en redécouvrant nos écrivains préférés.
Catherine Bajard Fontanel, janvier 2021
– L’arbre monde de Richard Powers, paru en 2018 au CHERCHE MIDI, éditions 10/18, 2019
Dans ce très beau roman américain, traduit par Serge Chauvin, Richard Powers met en récit le désastre écologique de notre société contemporaine.
Dans les bois de l’Indiana, une botaniste, Patricia Westerford, découvre que les arbres communiquent entre eux via des réseaux fongiques souterrains. Dans l’Iowa, Nicholas Hoel revient dans la ferme abandonnée où son arrière-grand-père, puis son grand-père puis son père avaient, tour à tour, pris des centaines de photos d’un châtaignier solitaire et géant de la propriété familiale. Il sent alors que son destin est là et que l’arbre est plus important que tout. A travers les quatre chapitres du roman – Racines, Tronc, Cime, Graines – d’autres destins, tous liés aux arbres par leur histoire, vont se croiser autour de Patricia Westerford et aboutir en Californie où un séquoia est menacé de destruction par les exploitants forestiers.
Un extrait : “Et à présent elle voit une forêt qui s’étendait bien avant que les humains quittent l’Afrique, céder la place à des résidences secondaires. Elle a une brève vision d’or fulgurant : les arbres et les humains en guerre, se disputant la terre, l’eau, l’atmosphère. Et elle perçoit, plus fort que les feuilles frémissantes, quel camp va perdre en gagnant.”
Un roman à l’écriture magnifique, à dévorer tant pour son histoire captivante et ses personnages profondément humains que pour le foisonnement d’informations documentaires sur la faune et la flore de la forêt.
Catherine Bajard Fontanel, janvier 2021
– Par la force des arbres, d’Edouard Cortès, paru en 2020, éditions EQUATEURS
Dans ce récit autobiographique, Edouard Cortès, écrivain voyageur du monde, éleveur de brebis par vocation, subit un coup du sort qui le contraint à changer sa vie. Il décide alors de “s’enforester” : il construit, en Périgord, une cabane dans un chêne et, quittant provisoirement femme et enfants, il y vit, pour un printemps en solitaire, au plus proche de la nature.
L’auteur met, avec humilité, la nature en scène. Il s’oublie en observant les mésanges, se retrouve en se laissant bercer par le vent de la canopée et diffuse, l’air de rien, de précieuses informations sur les arbres et la vie qu’ils abritent. Le récit de cet ermitage lui permet de faire le point sur sa vie et nous incite à réfléchir à la nôtre.
Un extrait : “ Il me semble que je me porte mieux en imitant mon chêne. Avancer comme un arbre par les extrêmes, en poussant, au plus haut niveau de soi, le chagrin et la joie.”
Catherine Bajard Fontanel, janvier 2021
– L’homme-chevreuil, de Geoffroy Delorme, édition Les Arènes, 2021
Si vous ne connaissez le chevreuil que devant les phares de votre voiture ou bien dans la lunette de votre fusil de chasse, je vous recommande vivement la lecture de cet ouvrage époustouflant. L’auteur a passé sept années en pleine forêt normande à s’apprivoiser avec ses amis les chevreuils. Ils nous fait vivre des moments d’amitié entre l’homme et l’animal dont l’intensité dépasse de beaucoup ce que beaucoup d’humains n’arrivent pas à vivre entre eux.
Vivre en forêt sans tente ni abri pendant des mois, l’auteur l’a appris de ses amis les chevreuils dont il acquiert une connaissance profonde lui permettant de communiquer avec eux comme il le ferait avec son meilleure ami, son frère où son amoureuse.
Il les observe, les mime, les photographie et partage avec eux leurs joies, leurs peines et leurs peurs. Il nous fait découvrir une forêt vivante où les plantes et les animaux vivent en paix, jusqu’à ce que les chasseurs viennent tout gâcher ou les engins forestiers tout détruire.
Daniel Mathieu, février 2021