Le bureau de bienfaisance et l’aide aux pauvres en 1815
Le maire présidait également le Bureau de bienfaisance de la commune. Composé de cinq membres parmi les plus riches habitants, il est renouvelable par cinquième tous les ans. Les candidats étaient présentés au préfet sur une liste, classés par ordre décroissant de richesse, avec mention de leur « capital en principal ». Ces membres étaient eux aussi nommés par le pouvoir central à un très haut niveau : « Le ministre de l’intérieur, comte de l’empire, nomme pour remplir la place vacante dans l’administration charitable du bureau de bienfaisance de la commune de Vauxrenard, M. Philibert Burgaud précédemment sorti par la voie du tirage au sort. Paris, le 14 mars 1809. »
Ce bureau était chargé de distribuer l’aide aux plus nécessiteux : « Ce jourd’hui 15 décembre 1812, le maire de la commune de Vauxrenard, après avoir reçu de M. Barrot, juge de paix du canton, Président du comité de bienfaisance, cinquante et un kilogrammes de “rison”, les a fait distribuer à vingt-neuf familles du dit Vauxrenard les plus pauvres, choisies par Mrs les membres du bureau de Bienfaisance. »
« Ce jourd’hui 20 mars 1817 se sont assemblés les membres du bureau de bienfaisance de la commune de Vauxrenard et ont distribué à divers pauvres de ladite commune, deux “asnées de bled” moitié seigle et moitié froment, venant de M. Delaroche Grobois et quarante-huit francs en argent payé par le sieur Pierre Peschard pour l’acquittement de son billet de même somme qu’il devait aux pauvres pour une rente qu’il est tenu de payer tous les ans auxdits pauvres… »
« Ce jour d’hui 12 décembre 1815, la dame veuve Dorry a remis au sieur Delaroche Grosbois la somme de 58 francs et le sieur Pierre Peschard, son gendre la somme de 32 francs et 60 centimes que l’un et l’autre devaient aux pauvres ; les deux sommes faisant ensemble 90 francs 60 centimes qui ont été distribués par les membres du bureau de bienfaisance aux dits pauvres, laquelle distribution a été faite par des mandats signés par M. Delaroche à chacun des pauvres… »
« Ce jourd’hui 26 avril 1818, nous maire de la commune de Vauxrenard nous avons fait distribuer à 54 pauvres de ladite commune 21 doubles décalitres de gros bled après l’avoir fait moudre pour leur plus grande consommation et nourriture, lesquels 21 doubles décalitres avaient été achetés à Mâcon moyennant la somme de 60 francs remis par M. le Préfet du Rhône venant des bienfaits de sa majesté. »
En l’absence de protection sociale, ces aides en nature ou en argent allaient aux plus démunis, principalement les personnes âgées, les infirmes, les veuves ayant famille nombreuse à nourrir. Pour les plus valides il était parfois créé des chantiers de charité leur permettant de travailler pour le bien communal contre rétribution :
« … le maire a dit que vu le besoin des pauvres, il serait bien d’obtenir de M. le Préfet, la somme de 85 francs 92 centimes (disponible sur le budget précédent), pour les soulager, mais qu’il fallait en l’obtenant se conformer à la décision d’établir un atelier de charité pour faire faire des réparations aux chemins vicinaux de la commune. Le conseil délibérant sur cette proposition a émis le vœu suivant à la majorité : que cette somme étant accordée par M. le Préfet, elle soit distribuée aux pauvres les plus valides de la commune en établissant un atelier de charité, en nommant tous les jours les ouvriers de la classe des pauvres valides pour faire les dites réparations aux chemins vicinaux, à la tête desquels on en mettrait un plus entendu pour les commander… » le 21 juin 1817.
« … il a été établi un atelier de charité pour élargir le chemin commençant à la fontaine du Bourg et allant à celui d’Avenas en passant près de la grange de M. Degrollier cultivée par Bertier, dit Le Prince. Il y a pour ce travail cent vingt-quatre journées qui se montraient à un franc trente-cinq centimes la journée… » le 8 avril 1818.
Les aides accordées aux pauvres proviennent soit de dons, souvent testamentaires (les sommes dues par le sieur Pierre Peschard ci-dessus proviennent des intérêts légués par testament d’une somme de 1 000 francs à 8,6 %), soit de sommes allouées par le préfet ou le roi, soit du budget même de la commune pour les ateliers de charité. Les sommes ainsi distribuées ne sont jamais importantes, de 50 à 100 francs par an à répartir sur 25 à 50 pauvres, soit de l’ordre de un à deux francs par pauvre. Ces montants sont à rapprocher des 2 francs du salaire journalier d’un « manouvrier » de l’époque.
Mais la notion de pauvre est relativement imprécise et la liste varie d’une année sur l’autre en fonction des récoltes. Ainsi, en 1820 le maire s’exprimait en ces termes sur le document de recensement de la commune :« … les habitants sont peu aisés, en général les pauvres sont les plus nombreux au point que tous les ans il faut les soustraire de la cote mobilière et personnelle. » Nous relevons également à ce sujet, sur l’état de la commune établi en 1818 que « l’hiver prochain il y aura beaucoup de pauvres dans la commune à cause que la récolte des pommes de terre a manqué et qu’ils auront bien besoin des bienfaits du gouvernement… Il passe encore assez souvent des pauvres des communes voisines, peu d’étrangers et point de vagabonds. »
L’aide aux pauvres peut également être attribuée directement par les plus riches, comme en témoigne le maire en 1818 « il y a un bureau de bienfaisance qui a pour tout revenu 16 francs de recette. Chaque habitant aime mieux faire l’aumône chez lui que de faire des dons audit bureau. »
Retenons pour finir, qu’aux environs de 1820, Vauxrenard était peuplé de 1 000 habitants environ, que le budget de la commune était de l’ordre de 400 francs par an et la fortune du maire évaluée à 200 000 francs !